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#1 26-11-2014 00:16:50
- Snou Suossiun
- Team RSR
- Inscription : 15-04-2014
- Messages : 292
10 contre-verites sur l’industrie musicale
Sans en rajouter (la suite est déjà suffisamment longue), voici un article très intéressant issu du magasine Longueurs d'Ondes, que je me permets de retranscrire ici car il est de toutes façons distribué gratuitement :
1 le piratage a une incidence sur les ventes de disques
Il s’agit probablement du mythe le plus féroce, entretenu régulièrement par les majors ou les représentants d’ayant-droits. Sauf que de nombreuses études (université Paris XI, UFC Que Choisir, OCDE, ADAMI, Harvard Business School...), portant sur de nombreux pays avec des typologies différentes (France, Canada, Pays-Bas, États-Unis...), ont conclu sur un impact minime du partage de fichiers sur Internet. Dernière en date : l’Union européenne, tout de même. Dans son rapport diffusé l’année dernière, réalisé auprès de 16 000 consommateurs répartis dans cinq pays, l’étude montre que “la plupart de ce qui a été consommé illégalement n’aurait pas été acheté si le piratage n’avait pas été disponible.” Plus intéressant, il en ressort que 80% de ces pirates utilisent en parallèle une offre légale (streaming et / ou téléchargement payants). Que si la musique est le bien culturel le plus consommé sur Internet (43%), la consommation illicite concerne surtout les vidéos / films (24%) et les séries TV (26%), reléguant la musique autour des 5%... Encore mieux : “Les clics sur les sites légaux d’achat auraient été plus faibles de 2% en l’absence de sites de piratage” ! Idem pour les sites de streaming, pour lesquels le bénéfice est estimé à 7%. Sans établir une cause à effet, le piratage est, en tout cas, à enlever de la liste des principaux suspects. Une forme d’équilibre semble s’être organisée. Pourquoi n’en entendons jamais parler ? Question de lobbies
2 en France, les francophones vendent moins que les anglophones
C’est faux. Les quatre albums les plus vendus en 2013 ont été, par ordre décroissant : Racine carrée de Stromae (1,1 M€), Random Access Memories de Daft Punk, Subliminal de Maître Gims (plus de 500 000 exemplaires chacun...) et La boîte à musique des Enfoirés. Soit, un seul anglophone sur le podium, sachant en plus que 17 des meilleures ventes de l’année étaient squattées par des albums chantés en Français...
Le premier trimestre 2014 fut en quelque sorte une répétition avec 8 francophones parmi les 10 meilleures ventes : Stromae, Les Enfoirés, Maître Gims, Indila, Florent Pagny, Fauve, Tal et Zaz. (Oui, ça pique !)
3 le streaming ne marche pas
Bien au contraire, même si ses chiffres sont davantage “encourageants” et qu’ils ne constituent pas encore la manne espérée. Le streaming est devenu, début 2014, le premier usage en ligne avec une croissance de 40%. Qu’il provienne de services financés par la publicité (+ 44%) ou d’abonnements (+ 38%), le secteur représente 17% du marché global, dépassant le chiffre d’affaires généré par le téléchargement légal. Aujourd’hui, 2 millions de Français sont abonnés à un service de téléchargement payant et / ou de streaming. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter et pourrait même exploser si un travail suffisant est mené autour des interconnexions (un seul compte en ligne, accessible depuis sa télévision, son smartphone, son ordinateur personnel, sa voiture, son poste de travail, etc.).
4 Hadopi est en sommeil
Le bilan de 2012 était sans appel. Trois ans après sa création, la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet avait repéré 1,1 million de fraudeurs (prévenus par un email d’avertissement), 340 internautes avaient récidivé malgré les trois mises en garde et 14 dossiers avaient été transmis à la justice. Septembre de la même année, un premier internaute avait été condamné à 150 € d’amende pour avoir téléchargé un album de musique.
Depuis, le rapport Lescure - sur l’exception culturelle française dans le contexte numérique et remis en grande pompe au ministère de la Culture en mai 2013 - a pris la poussière. Certes, peu de propositions y étaient révolutionnaires, mais la plupart ne seront a priori pas suivies d’effet. Or, si l’Hadopi n’avait que pour mission la surveillance des échanges sur les réseaux, puis une “réponse graduée” allant de la lettre recommandée à l’amende (cf. la loi Création et Internet qui en a définit le statut), l’institution a choisi depuis, et sur sa seule initiative, de lancer elle aussi un chantier autour des évolutions du droit d’auteur.
Voilà donc un an qu’Hadopi planche sur la légalisation d’une certaine forme de piratage : la “rémunération proportionnelle du partage”, soit l’adoubement de services pirates s’ils s’affranchissent d’une taxe. Une idée partagée, entre autres, par La Quadrature du Net, militants historiques anti-Hadopi... devenus source d’inspiration de l’institution.
5 la France n ’a aucun poids dans l’industrie musicale
L’intitulé est volontairement retors. Il n’empêche qu’une entreprise française contrôle bel et bien un tiers du divertissement mondial : Vivendi. À l’origine spécialisée dans les services aux collectivités territoriales (eau, transport et environnement) sous le nom de Compagnie générale des eaux, la multinationale hexagonale concentre ses activités autour d’Universal Music, du groupe Canal+ et de
l’opérateur télécom brésilien GVT. En 2014, en plus d’appartenir à l’indice CAC 40, Vivendi est ainsi le deuxième groupe de divertissement au monde - derrière The Walt Disney Company - et l’un des principaux fournisseurs de contenus en Europe.
Au sein de sa filiale Universal Music cohabitent une multitude de labels : Island Def Jam, Geffen, A&M, Mercury, Polydor, Decca, Capitol, Blue Note, Motown... Soit, entre 30 et 38% du marché international (derrière Sony, puis Warner) et une place de n°1 de la musique enre- gistrée grâce au rachat d’EMI. Miley Cyrus, Madonna, Bob Marley, Elton John, Jay-Z, U2, Rihanna, Mylène Farmer, Lady Gaga... tous sont passés par là. Reste à comprendre pourquoi la scène française n’a pas autant bénéficié de cette emprise géographique sur le secteur.
6 les revenus des labels proviennent des ventes de disques
Les maisons de disques ont bien compris que pour freiner la baisse de leur chiffre d’affaire, il fallait se diversifier et multiplier les sources de revenus externes. Prenons un exemple français : Naïve. Pour le label, l’album n’est qu’une amorce déficitaire que vient équilibrer les tournées. En plus d’une meilleure récupération des droits auprès des stations de radio, des lieux sonorisés ou des plateformes vidéo, le concert semble la piste la plus souvent privilégiée pour garantir un retour sur investissement.
Warner Music, l’une des trois majors mondiales, a ainsi racheté Jean-Claude Camus Productions. Sony, elle, a acquis Arachnée Productions. Enfin, Universal Music est devenu propriétaire de l’Olympia (salle de concert), de BMG (édition musicale) et de Sanctuary (produits dérivés). Son président directeur général annonçait déjà en 2004 que “plus de la moitié des profits [d’Universal Music] ne dépend plus directement de la vente de CD.”
7 disquaires et sites web : uniques canaux pour la distribution massive
Hors initiatives du milieu indépendant ou d’artistes en émergence, de “gros” artistes internationaux ont choisi des modes de distribution alternatifs. Partenariats juteux et exclusifs pour les uns, possibilité d’atteindre une cible de consommateurs éloignée des réseaux traditionnels pour les autres. Les dimensions politiques et mercantiles se chevauchent ainsi. Des exemples ?
Le disque de Paul McCartney vendu uniquement aux caisses des Starbucks, l’album Still Kool de Kool & The Gang distribué en France dans les paquets de lessive Bonux, le Black ice d’AC/DC commercialisé dans les seuls magasins Wal-Mart aux États-Unis, ou encore, dernièrement, U2 squattant la bibliothèque audio de l’iPhone 6...
À ce titre, Prince est le grand champion : nouvel album offert à l’achat d’un billet de concert (Musicology, 2004), avec un hebdomadaire britannique (Planet Earth, 2007), ou vendu dans une seule chaîne de magasins (Lotusflow3r, 2009).
8 - spotify rémunèrent mieux les artistes que deezer
Les deux principales plateformes musicales, Spotify et Deezer, possèdent un catalogue de 15 millions de titres chacune. Mieux, elles ont su éditorialiser leur contenu au moyen de playlists et de radios. Reproches récurrents : la faible rémunération de ces services (environ 2 € pour 1000 écoutes). S’il est vrai que la monétisation est très variable suivant le pays d’écoute, le type de publicité et l’audience, le revenu moyen d’une écoute sur Deezer est de 0,01 €, contre 0,006 € pour Spotify, selon l’agence DBTH (notons que pour YouTube, la moyenne est d’environ 0,0004 €...). Des chiffres datant de 2012, dont il faut prendre en compte la marge du distributeur - qui oscille entre 10 et 40% - avant reversement au producteur. N’oublions pas cependant que les services de streaming ont pour but de fidéliser leurs utilisateurs et qu’un titre qui plaît aura plus de chances d’être intégré à une playlist et, de fait, réécouté.
juste pour préciser sur ce point que Longueurs d'Ondes et Deezer sont partenaires
9 Youtube n'est pas une radio
C’est faux. Ou disons que, si ça n’en était pas le but, la plateforme vidéo en a désormais la fonction. La musique est tout d’abord la catégorie la plus consultée et parmi les dix vidéos les plus vues dans le monde, neuf sont des clips musicaux.
Ensuite, une étude de Nielson montre qu’aux États-Unis, 64% des jeunes écoutent principalement la musique via YouTube, et que les recherches effectuées sur la plateforme sont davantage pour le son que pour l’image. Même si les services de streaming sont moins développés outre-Atlantique et que les habitudes de consommation sont différentes, YouTube réussit ce grand écart entre TV et radio. Oui, le streaming possède plus de confort d’utilisation (meilleur encodage, portabilité...), mais être présent sur YouTube est encore considéré comme un acte promotionnel, un réflexe pour découvrir un artiste, facilité par son accès rapide.
À se demander, parfois, si le désintérêt de la télévision (française, par exemple) pour la scène émergente n’est pas aussi responsable de cet appétit numérique. À bons entendeurs...
10 radiohead et nine inch nails sont les exemples à suivre
Pas vraiment, en fait. Depuis quelques années, on voit de nouveaux business models arriver : le Direct-to-Fan (vente à la source avec diminution des intermédiaires), le PWYW (Pay What You Want, disque vendu au prix défini par le consommateur) ou encore le crowdfunding (donation). Radiohead a utilisé les deux premiers. Nine Inch Nails aussi, allant même plus loin en encourageant ses fans à remixer ses titres, filmer ses concerts et utiliser comme ils le souhaitent ces contenus de manière non lucrative. Pour ce dernier, les 800 000 transactions ont généré 1,6 M€ de revenus (contre 6 M€ de chiffre d’affaire pour Radiohead, sur un total de 1,2 millions de téléchargements).
Dans ces deux cas, on observe que la majorité n’a pas payé, mais l’artiste possède désormais les coordonnées de chaque utilisateur... Des informations qui valent de l’or.
En conclusion, les deux groupes sont certes allés directement vendre aux consommateurs et ont consolidé leur carnet d’adresses, mais cela n’a pu être possible que grâce à une grande communauté de fans déjà existante. Sans infrastructure, communauté, connaissance et compétences, impossible d’imiter la démarche ou d’en espérer une importante levée de fonds. Radiohead et NIN ont bien révolutionné quelque chose : leur propre modèle. À chacun de trouver désormais le sien.
De l'air.
Changeons d'atmosphère.
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#2 26-11-2014 02:53:30
- zeco
- Team RSR
- Inscription : 22-06-2011
- Messages : 455
Re : 10 contre-verites sur l’industrie musicale
Radiohead et NIN ont bien révolutionné quelque chose : leur propre modèle. À chacun de trouver désormais le sien
Héhé,
J'aime bien cette conclusion.
Et j'ai donc appris que l'olympia appartenait à Universal, que Fauve était dans le top 10 des ventes d'album (étonnant, mais ça fait plaisir, ça fait au moins un truc écoutable dans le top 10), mais je ne comprend toujours pas pourquoi les gens vont tellement écouter de la musique sur youtube, et encore moins pourquoi ils sont autant à acheter les disques de maitre gim's.
Merci pour le forward de ce p'tit article
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#3 26-11-2014 11:48:55
- Snou Suossiun
- Team RSR
- Inscription : 15-04-2014
- Messages : 292
Re : 10 contre-verites sur l’industrie musicale
Fauve, effectivement un petit miracle qui montre que tout n'est peut-être pas perdu !
Quant aux ventes de maître Gim's, je dirais que c'est le côté " fan " qui fait marcher ce genre d'artistes avec un public jeune avide de produits dérivés, mais je me plante peu-être complètement.
De l'air.
Changeons d'atmosphère.
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#4 26-11-2014 17:15:49
Re : 10 contre-verites sur l’industrie musicale
Quand je pense que je passais une partie de mes samedis aprèm à la médiathèque pour ramener les 33T à la maison et les copier sur cassette...
J'ai bien copié quelques CD ensuite mais depuis deezer...
Au delà du discours la grosse major c'est pas bien etc... que l'on pourrai développer à l'infini et même si ça ne règle pas tout, je trouve tout de même assez sain cette évolution vers la recherche de la renta par le spectacle vivant, ça va poser problème à tous ceux qui pourraient être tntés de nous resservir du "milli vanilli" (je sais c'est vieux maintenant mais tellement gros que c'est ce qui m'est venu en premier en tête).
Encore que... nous ne sommes pas à l'abris de n'avoir plus que de la "mise en scène" sur scène avec le moindre mot au public soigneusement calculé, répété (voire en playback?)... un peu comme font nos artiste comiques... et Lori (qui, dans son genre, peut être comique aussi)
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#5 26-11-2014 21:07:00
Re : 10 contre-verites sur l’industrie musicale
1 le piratage a une incidence sur les ventes de disques
Il s’agit probablement du mythe le plus féroce, entretenu régulièrement par les majors ou les représentants d’ayant-droits. Sauf que de nombreuses études (université Paris XI, UFC Que Choisir, OCDE, ADAMI, Harvard Business School...), portant sur de nombreux pays avec des typologies différentes (France, Canada, Pays-Bas, États-Unis...), ont conclu sur un impact minime du partage de fichiers sur Internet.
Oui bon... ça c'est vraiment LE argument des majors et LE contre-argument tout aussi classique ^^
Mais y'a quand même un truc qui me fait me dire que si les majors se vautrent dans la façon d'amener ce fameux argument (tous ces downloads, ce serait autant de chiffre d'affaire perdu...) elles sont quand même pas loin d'un fait qui me semble assez évident, à savoir que de nos jours, baser un modèle économique sur la vente de copies (via un support CD ou via du download payant), alors que le processus de copie ne vaut maintenant plus rien (ou coûte si peu), c'est baser un modèle économique sur un monopole qui n'existe plus, celui justement de la fabrication de copies. Et c'est bien Internet qui a porté le coup de grâce à ce monopole.
Donc les majors, oui, c'est le mal. Elles ont des idées débiles. Elles s'accrochent à un argument foireux. Mais même si elles l'expriment mal, cet argument, elles sont quand même pas loin de la vérité. Depuis Internet, la copie ne vaut plus rien.
Là où elles se plantent, c'est qu'effectivement y'a tout un tas de downloads qui, s'ils n'avaient pas été dispos on ze web gratos, n'auraient pas été achetés pour autant. Ce que ça veut dire, ça, c'est pas que y'aurait un manque à gagner. Ce que ça veut dire, c'est que l'accroissement de l'accessibilité des productions audiovisuelles s'est combiné à un accroissement de l'intérêt des gens pour ces productions
La bonne nouvelle, et je rejoins Laurent là-dessus, c'est le recentrage de l'activité économique musicale autour des spectacles vivants, même si je suis pas sûr, pareil, que ça nous préserve des milli vanilli ^^
dead ?
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