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#1 24-10-2006 00:34:33
déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
suite à un titre de Dead Joshua (some perfect way) dont la thématique m'a inspiré et apparemment continue à en faire autant pour lui.
« Lampadaire ! »
C'est comme ça qu'on l’avait toujours surnommé.
Et pas n'importe qui : le dernier.
Il en était fier :
La barrière.
La bannière, étendard, étendu sur la mer.
Ça le faisait marrer à lui :
Allumé, éteint.
Allumé, éteint.
Comme ça, sans fin.
Toujours le même refrain.
Comme la marée.
La coutume, en unisson avec la lune.
Lampadaire,
« Je t'en foutrais moi. »
Les jours de grand vent, il l'avait amer.
Il humait l'air, fort,
Mais toujours fournissait sa lumière.
Lampadaire.
Aujourd'hui, au fond de son lit, il n'avait jamais vu aussi clair.
Les jours, les années.
Tous, ils avaient été remplacés.
Automatisés, effacés,
Pour leur sécurité.
« Tu parles »
C’est sûr, aujourd'hui, il était le dernier.
Et, il le sentait, il avait du mal à la garder allumée.
La flamme.
Et, c'est sur cette pensée qu'il a quitté les siens
Lampadaire, le gardien de phare, s'est éteint
Dernière modification par Alphonse (24-10-2006 00:38:50)
Allons voir si les autres rêvent encore...
http://www.troisptitspoints.net
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#2 24-10-2006 00:56:41
Re : déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
une histoire de lampadaire:
Une impulsion éléctrique vient réveiller le mecanisme, après ses 10 secondes d'inactivités programmées. Le petit moteur se met en route dans un bourdonnement à 50Hz et entraine le rouleau sur le nombre de tours réglementaires. la nouvelle pub affiche une bouche géante, tout sourire et prône les qualités water-resistantes du dernier rouge à lèvre de chez LIPS-ALL-RIGHT (reserved). Un déclic satisfait indique au mécanisme que le roulement s'est bien passé. LIPS-ALL-RIGHT (reserved) a maintenant 10 secondes pour convaincre son public, avant sa prochaine apparition.
Pendant un moment, j'essaye d'imaginer la face qui va avec cette bouche aux dimentions astronomiques mais le feu vert me rappelle que j'ai les mains sur le volant. rien d'urgent. à cette heure de la nuit, je suis à peu près le seul automobiliste dans cette partie de la ville. Y'a en tout cas personne qui attent au feu derrière moi. J'attent que la bouche géante laisse la place à la pub suivante et je repart.
Après le rond point, c'est l'avenue. Comme une autoroute urbaine, plongeant sous d'autres ronds points, sinuant entre des zones industrielles, des quartiers en construction et des centres commerciaux. Une armée de lampadaires, bien alignés, projette le même film d'ombres dans l'habitacle, en boucle.
L'un des lampadaires, loin devant, semble éclairer de façon un peu étrange. L'impression se confirme au fur et à mesure que je m'en approche. Pour être plus précis, ce lampadaire ne se contente pas d'éclairer de façon un peu étrange: la couleur qu'il émet est en train de changer. Elle passe du jaune au blanc, comme sous l'effet d'une surcharge. Je ne suis plus qu'à quelques dixaines de metres et l'éclatante couleur blanche de ce lampadaire commence à grésiller. Il clignote un peu, se remet à grésiller et décide finalement de s'éteindre. Au moment où je passe dessous.
Je sais pas si je dois trouver ça génial ou désespérant... ou si je dois me contenter de trouver ça absolument banal. Je sais pas. J'ai juste une furieuse envie de fermer les yeux, là, agrippé à mon volant, avec la reprise du film en boucle des ombres dans l'habitacle. Fermer les yeux, juste deux secondes...
Quand je regarde dans le rétroviseur, y'a une zone plongée dans l'obscurité.
Y'a une zone plongée dans l'obscurité qui se met à grésiller. J'ai juste le temps, avant le virage, de voir le lampadaire se rallumer, avant de disparaitre du rétroviseur.
...
Le feu passe au rouge une bonne cinquantaine de mètres avant mon arrivé alors j'évite de le griller et je m'arrète. En face, de l'autre coté du carrefour, y'a un panneau publicitaire. Là, de l'autre coté du carrefour, y'a une pub qui me lance un sourire aux dimentions astronomiques.
dead ?
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#3 30-10-2006 07:19:30
Re : déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
une autre histoire de lampadaire:
un champ sous le soleil. pas sûr de l'écoulement du temps. comme des zones d'absence. je ferme un coup des yeux et l'image rémanente explose dans un caléïdoscope de couleurs et de formes abstraites. le bleu, pour ce que j'en sais, semble se rétrécir en laissant la place au violet, qui suit le même chemin... enfin à peu près. allongé sur le dos, là, quand je fixe les lignes téléphoniques qui se découpent sur le ciel, c'est comme si je regardais une chaîne mal réglée à la télé. y'a de la neige. enfin à peu près. pas sûr de l'écoulement du temps. je sais plus trop si je viens de me poser là où j'y suis depuis des années. simple façon de voir les choses. le champ, sous le soleil, a comme des zones d'absence.
la carte postale est pareille, sauf qu'elle est en noir et blanc, et que l'image est fixe. enfin à peu près. je ferme un coup les yeux et je sais plus trop si la neige vient de l'écran de télé ou de la carte postale. allongé sur le dos, là, j'ai comme des zones d'absence. pas sûr de l'écoulement du temps. je pourrais dire que je me souvient... enfin à peu près. un autre champ, un autre moment. à moins qu'il n'ai jamais changé. qu'il ai toujours été le même. à vrai dire, je suis pas sûr de l'écoulement du temps.
il fait nuit, j'admire le paysage et les lampadaires et je l'entend me demander: "à quoi tu penses ?"...
dead ?
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#4 07-07-2007 23:46:54
- leptitzikos
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Re : déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
franchement alphonse tu a la technique pour faire une biographie d'un lampadaire//
C'est cool ce que tu nous dit la//
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#5 13-08-2007 23:37:49
Re : déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
entre deux lampadaires...
pas grand chose en face. pas grand chose tout court, à vrai dire. ça pourrait avoir un sens de dire que c'est la nuit, si je me souvenais d'un jour qui l'avait précédée. pas grand chose en face, donc... à part la fenetre. une vielle fenêtre, encastrée dans un mur épais comme on en trouve dans les vielles maisons de campagne. le silence a tendance à me faire tourner la tête et je la cogne un peu sur le mur contre lequel je suis assis. histoire de remplir un peu l'obscurité, autour. Je change d'oreille. celle-là refuse obstinément de traverser le combiner et commence à chauffer un peu. Je demande: et tu vois quoi, là où t'es ? Le téléphone hésite un peu. je pourrais presque l'entendre tourner la tête, là où elle est, pendant qu'elle regarde autour. elle répond: la nuit. le téléphone me répond: la nuit. ok, c'est la nuit. ok, je dis. je demande: t'es où ? elle est chez elle, assise à peu près à mis-chemin de l'escalier. elle change d'oreille. le monde, autour, de mon coté du téléphone, filtre sous la porte de ma piaule... et un peu, aussi, à travers la fenêtre, en face. je lui raconte. y'a ce lampadaire, en bas, qui scotch un trapèze de lumière orange sur mon plafond. dans le monde de son coté du téléphone, elle me dit, le lampadaire scotch un demi-cercle blanc sur le sol. en bas de l'escalier. c'est pas le même lampadaire. Et puis j'entends un crépitement. y'a un feu d'artifice. et à travers la fenêtre, en face, je vois une énorme étoile filante, sauf qu'elle monte droit vers le ciel. une pure comète, c't'affaire... c'est un chouette feu d'artifice. la comète hésite un peu, au bout de sa course. là haut. et elle explose dans un grand flash qui vient dessiner ma fenêtre en blanc, par terre. elle demande: t'es où ? le téléphone me demande: t'es où ?
quelque part, entre deux lampadaires, j'imagine...
dead ?
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#6 12-05-2008 20:48:13
Re : déclinaisons sur (ou sous) un lampadaire...
le lampadaire de la 4ième dimention...
procédure annexe de suivi du circuit B5-A4-741 (v.3.1). Déclic. La led clignote trois fois en vert. puis une fois en rouge. Je confirme la réception en tappant "FOUT MOI LA PAIX, STP". Je valide. Quelque part, dans le chaos monstrueux de la machine, le message est analysé, découpé en paquets significatifs, comparé à une banque de termes d'interprétations probables puis réorganisé en traduction "standard" avant d'être compressé, multiplié en quelques milliers d'exemplaires et envoyé dans ce foutu circuit B5-A4-741 (v.3.1).... et le monde disparaît.
C'est un vieux village de campagne et il fait nuit. J'ai un vague souvenir étrange. Comme cette impression de sortir d'un rêve. Je m'arrète un instant en essayant de retenir un morceau de l'histoire... une histoire de... lumière qui clignote ? peut-être. Quoi qu'il en soit, il fait tellement nuit, là, dans cette partie du village, qu'au delà de la lumière orange projetée par le lampadaire, on y voit plus grand chose. Et ça commence comme un bourdonnement. Au début, je comprend pas bien, puis je vois un énorme insecte qui s'approche. Une créature complètement improbable. Enorme. Il a fait chaud, cet été, ça a du faire péter un cable à la nature pour qu'elle engendre des trucs pareils.... La créature vole maintenant au raz du sol, zigzag un peu entre les caillous et les ombres... et fonce droit sur le lampadaire... et BAOouuM ! ce foutu insecte a explosé la lampe.... et le monde disparaît.
Je me réveil en sursautant. ça doit bien faire une minute que le dispositif de contrôle bip en clignotant tout ce qu'il peut : procédure annexe de suivi du circuit B5-A4-741 (v.3.3). Déclic. La led clignote trois fois en vert. puis une fois en rouge. Je m'apprète à confirmer la réception et j'ai comme un doute. Comme une impression de déjà vu... sans trop savoir pourquoi, je pense à un lampadaire. je tappe : "LAMPADAIRE". Je valide. et quelque part, dans cette machine énorme et improbable, le message est analysé, découpé... et le monde disparaît.
dead ?
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